Ainsi, je ne peux regretter ce que je ne possède pas, car je sais que je ne peux posséder ce qui ne saurait être en mon pouvoir. Dans la Nouvelle Héloïse, Rousseau écrit : « Tant qu’on désire, on peut se passer d’être heureux ; on s’attend à le devenir : si le bonheur ne vient point, l’espoir se prolonge, et le charme de l’illusion dure autant que la passion qui le cause. Limiter le désir à la réalité c’est donc le soustraire à la conception du possible. Comme il ne peut y avoir de vrai et solide bonheur, le bonheur ne peut être pour l’art un objet. Il permet à l'homme de se dépasser et l'aide à accéder au bonheur. Le bonheur et le désir sont deux notions qui s'opposent : ... par un objet, elle ne s'arrête pas et se … Nombreux sont ceux qui confondent bonheur et plaisir et cherchent le bonheur dans la satisfaction des sens. Dans une certaine mesure, lorsque le désir se soustrait à la réalité, il échappe aussi à l’exigence de sa satisfaction, seulement dans cette perspective rousseauiste, le désir est maintenu comme moteur créatif qui ne se satisfait pas du réel mais parce qu’il s’y substitue pour s’auto-déterminer et prendre une autonomie par rapport à sa satisfaction. Elle n'a jamais manqué de susciter réflexions et polémiques comme en témoigne l'abondante bibliographie à son sujet. C'est par un exercice de la raison que nous devons apprendre à discerner les désirs nécessaires et ceux qui ne le sont pas. Comment alors gérer cet état instable et complexe? LesStoïciens#et#la#vertu#:#le#bonheur#dépend#de#nospensées! - Une citation d'Epictète 14 février 2014. Maurice Chapelan, Main courante (1957). Il faut donc apprendre à suivre notre nature profonde, laquelle s'exprime par des désirs.Spinoza invite donc à connaître les causes des désirs afin d'écarter les désirs qui ne réalisent pas l'essence de l'homme. « Mon troisième engagement, poursuivit Sa Sainteté, concerne mon … Je peux sacrifier mon désir d’un repas dans un restaurant étoilé, je ne peux sacrifier mon besoin générique de nourriture. Et c’est précisément parce que le désir ne peut se satisfaire du réel qu’il est vraisemblablement requis de l’astreindre aux coordonnés du réel, car l’impuissance de satisfaire le désir prolonge la souffrance de la privation, et en outre, il y a des désirs impossibles qui contredisent frontalement la réalité de notre situation et celle de l’ordre du monde. de la chance, bref de l’ensemble de l’univers. Ces conditions font que le monde répond à nos besoins naturels, saccordent avec eux. Le bonheur ne se trouve pas dans l’hédonisme. Satisfaire la privation que le désir met en lumière c’est part ailleurs se priver de désir. Le bonheur est un idéal de l'imagination et non de la raison. Pour Kant, ce nest dailleurs quun idéal de limagination et pour Freud, le bonheur recherché comme la fin des fins ( nous faisons chaque chose dans le but dêtre heureux) est dicté par le principe de plaisir régissant linconscient, qui vient bien sûr sopposer au principe de réalité. 28 La liberté, c'est l'indépendance de la pensée. « Points » (2010). Si le désir ne peut se satisfaire du réel, est-ce parce que la recherche du plaisir et du bonheur ne peut être conduite que par la satisfaction réel du désir? Besoin de plus de renseignements sur l'abonnement ou les contenus ? Le bonheur et le désir ne peuvent se trouver ensemble. Si le désir pouvait se satisfaire de la réalité, son contentement serait comme instantané, puisque la réalité est effectivité et actualité. Pour trouver le bonheur, il faudrait renoncer aux désirs, jamais satisfaits, toujours renouvelés. Des enlèvements sont effectués avec demande de rançon. La colère et le désir de vengeance, ajouta-t-il, ne servent qu'à perturber votre sommeil. Il ne se réduit donc pas au plaisir qui est toujours bref et partiel. La raison en est que tous les éléments qui font partie du concept du bonheur sont dans leur… ... " Le secret du bonheur et le comble de l'art, c'est de vivre comme tout le … Accepter la réalité, c’est aussi accepter ma condition de finitude et par conséquent accepter des limites qui font ma condition. Par exemple, l’appétit n’est pas illimitée et l’objet de satisfaction de la faim implique la consommation avant l’agrément : je peux trouver un aliment pas à mon goût, dont la consommation me gênera, mais à la fin, son ingestion ne comblera pas moins ma faim. Bernard Pautrat, Paris, éd. (Epictète) - Le bonheur n'arrive que d'un côté, le malheur vient de partout. Dans ses Définitions, Alain affirme que « le désir a plus de fantaisie que l’inclination et n’est pas toujours selon le besoin ». Dans la joie, le désir est créateur et sa force participe à un processus d'affirmation et de construction de soi-même. Le désir peut-il trouver satisfaction dans son insatisfaction? Le sujet peut rêver de de château en Espagne ou au Mexique. Pourquoi ? Si le besoin n’est pas satisfait, cela conduit à une mort certaine, mais la satisfaction du désir est-elle aussi implacable? Rousseau, la Nouvelle Héloïse. De ce point de vue, tout se passe comme si le désir ne pouvait se satisfaire de la réalité, précisément parce que la réalité n’est pas satisfaisant, et creuse en l’homme un manque. Le désir naturel et nécessaire est très proche de ce que nous appelons le besoin. Mais limiter la satisfaction du désir à la réalité est aussi prendre le risque de la réduction du champ des possibles. Face à l’impuissance de satisfaire un désir tel que posséder des châteaux en Espagne ou au Mexique, ou celui de savoir voler, il faut mobiliser la puissance de concevoir ce que je peux satisfaire car je ne peux agir que sur ce qui dépend de moi. Il faut donc apprendre à maîtriser ses passions, et à accepter les événements sans en pâtir. Comment le désir peut se satisfaire du réel alors même qu’il convoque un manque qui ne se trouve justement pas dans la réalité, mais participe du possible voire de l’imaginaire? Il y a donc une douleur inhérente à tout désir. Le bonheur et le désir ne peuvent se trouver ensemble. De même, il peut rêver d’éternité non pas littéralement, mais en laissant des traces, en produisant des oeuvres qui surpasseront sa simple existence physiologique, mais non sa créativité. Mais le désir, et c’est en cela qu’il diffère du besoin, vise des objets dont la satisfaction n’est pas assurée et qui en plus convoque les critères du plaisir et de la souffrance. Or, un désir, la complexité du désir, ouvre au paradoxe suivant : dans la mesure où il est expression d’un manque, il va chercher sa satisfaction pour éviter de souffrir de cette privation. Le désir se fonde en effet sur une frustration originelle, qui ne cesse pas tant que le désir n’est pas réalisé. Le besoin vise souvent un objet de consommation, au sens ou sa satisfaction détruit cet objet, comme ça peut être le cas de la faim et de la nourriture. Dans Le Discours de la méthode, Descartes estime qu’il faut tâcher de « changer [ses] désirs plutôt que l’ordre du monde ». Le désir est une force violente qui pousse l'être humain à trouver une satisfaction. Pour Aristote, le bonheur est la fin de toutes les actions de l'homme : c'est ce qui est visé à travers chacune d'elles.Si le bonheur est ce qui est visé à travers toutes ses actions, il n'est donc pas un état stable, mais une activité. Si la réalité est le contraire du possible, elle aussi le contraire de l’imaginaire. Dans Entretien, Épictète convie l’homme à la suspension des désirs au profit de la liberté : « Ce n’est pas se rassasiant des choses désirées que l’on prépare la liberté, c’est par la suspension des désirs ». En effet, contrairement à l’erreur, pouvant être corrigé, ou la faute, dont je suis responsable, l’illusion, même éclairée, persiste, sa puissance de tromperie pouvant être impossible à vaincre. Le Livre de Poche (1993). Ils ne se soucient que de combler leurs désirs physiques et matériels. Que le désir puisse se satisfaire de la réalité apparaît spontanément comme contradictoire. Désirer, c’est ressentir un manque. Il semblerait que le désir aille à contre courant de cette acceptation puisqu’il met en lumière des imperfections que je chercherais à combler, une privation qui en tant que telle participe de ma condition mais qui vue à l’horizon du désir est estimée comme un défaut à combler. Les uns, en effet, identifient le bonheur à quelque chose d’apparent et de visible, comme le plaisir, la richesse ou l’honneur ; pour les uns c’est une chose et pour les autres, une autre chose [ …]. Fondements de la métaphysique des mœurs, (Grundlegung zur Metaphysik der Sitten), trad. Proust, Albertine disparue Ce thème d’un désir qui ne peut se satisfaire de la réalité est largement présent dans la littérature. Épictète, Entretien Toutes vos lumières ne peuvent arriver qu’à connaître que ce n’est pas en vous-mêmes que vous trouverez ni la vérité ni le bien. Le concept de bonheur est un concept si indéterminé, que, malgré le désir qu’a tout homme d’arriver à être heureux, personne ne peut jamais dire en termes précis et cohérents ce que véritablement il désire et il veut. Vrin, coll. Emmanuel Cattin, Paris, GF Flammarion (2015). C'est par une sage considération de l'avantage et du désagrément qu'il procure que chaque plaisir doit être apprécié. C'est en empruntant ce chemin qu'il est possible d'accéder à la béatitude. Epictète. Il n'y a qu'une route vers le bonheur, c'est de renoncer aux choses qui ne dépendent pas de notre volonté. Le bonheur [1] est un état ressenti comme agréable [2], équilibré et durable [3] par quiconque estime être parvenu à la satisfaction [4] de ses aspirations et désirs [5] et éprouve alors un sentiment de plénitude et de sérénité.. La notion de bonheur traverse toute la pensée occidentale depuis Socrate (V e siècle av. En effet, si nous considérons les biens éloignés de nous tout aussi éloignés de notre pouvoir, nous ne pouvons pas manquer de ces biens. Le désir correspond essentiellement, à travers la conception qu'il nous en présente, à un manque que les hommes ne pourraient jamais combler. Seule notre réaction face aux hasards de la vie est en notre pouvoir. D’un autre côté, que ce soit la reprise du désir par la raison ou la sagesse dans un cas, ou la suspension du désir impliquée par l’acceptation concrète et radicale de la réalité, on estime le désir dans l’exigence de sa satisfaction, comme si le désir ne cherchait qu’à être satisfait et qu’à partir d’une certaine impuissance à le satisfaire, on ne laisse aucune chance au désir. Lorsqu’un homme et une femme se rencontrent, idéalement, ils devraient s’assurer du désir de vivre ensemble toute une vie. Cette notion est tellement complexe qu’on ne peut guère faire l’économie d’une tentative de définition. La suspension des désirs signifie alors que le désir ne peut en aucune manière se satisfaire de la réalité pour garantir sa satisfaction car c’est la satisfaction même des désirs qui fait problème dans le désir. Pour Kant, le bonheur est un concept indéterminé : chaque personne le définit selon ses préférences et ses goûts. Epictète. En effet, le corps tout comme l'esprit ont des désirs qui les incitent à continuer d'exister et à se développer conformément à leur nature. L’expérience du manque dans le désir diffère de la nécessité de satisfaction du besoin, d’autre part, tout désir n’exige pas satisfaction dans la mesure où la différer peut être un moteur d’illusion heureuse et créatrice. II) Le bonheur Introduction Il faut d’abord différencier le plaisir et le bonheur. Le bonheur ne se partage pas : on le vit ou on l'envie. D’un côté les besoins impérieux et susceptibles d’être assouvis : lorsque j’ai faim et soif, je n’ai pas besoin d’organiser un luxueux banquet ou aller à un restaurant étoilé pour satisfaire ce besoin, il me suffit de boire de l’eau et d’ingérer une denrée essentielle à mon organisme. La fantaisie du désir, contrairement à l’inclination qui est visée consciente et finalisée, et au besoin, motivé par une certaine nécessité, implique contingence et imprécision de la fin visée. Il est impossible que l'homme ne soit pas une partie de la Nature et ne puisse éprouver d'autres changements que ceux qui se peuvent connaître par sa seule nature et dont il est cause adéquate.Il suit de là que l'homme est nécessairement toujours soumis aux passions, suit l'ordre commun de la Nature et lui obéit, et s'y adapte autant que la nature des choses l'exige. Pour être heureux, il ne faut désirer que ce qui dépend de nous, car désirer ce qui dépend du « hasard » revient à se faire l'esclave de ses passions. La difficulté est que les passions et l'imagination nous entraînent trop loin de la nature, et que nous confondons le désir naturel (par exemple, le désir sexuel) dont la satisfaction n'est pas indispensable à la vie et le désir naturel et nécessaire (par exemple, la faim). Le présent me suffit. Exercice fondamental : L'opposition du désir et du bonheur, Exercice fondamental : La classification des désirs selon Epicure, Exercice fondamental : L'attitude face aux désirs selon les stoïciens, Exercice fondamental : Le désir selon Spinoza, Exercice fondamental : La critique du bonheur par Kant. C’est dire à quel point cette question a occupé les penseurs de tous temps et tous lieux. Les philosophes vous l’ont promis et ils n’ont pu le faire. C'est en pratiquant la vertu tout au long d'une vie que l'on accède au bonheur. Donc il faut s’en détacher et se fondre dans le tout, où cette notion de manque, d’absence, Il y a aussi des désirs dont les enjeux éthiques suspendent non pas le désir, mais sa satisfaction, puisque tout désir ne vise pas des objets et que cette privation de satisfaction n’est pas source douleur ou de souffrance, mais au contraire échappe à la simple matérialité, et implique une autre manière de désirer. C'est pourquoi il relève de l'imagination, et non de la raison, qui suppose des représentations claires. Dans tous les cas, le désir ne peut se satisfaire de la réalité, et … Ce que le sujet possède dans l’état de privation qu’est le désir est moins la privation que le désir lui-même. Tandis que certaines souffrances sont désagréables mais souhaitables (se faire soigner une carie). Retrouve Alfa dans l'app, sur le site, dans ta boîte mails ou sur les Réseaux Sociaux. " Le bonheur et le désir ne peuvent se trouver ensemble. Dans tous les cas, le désir ne peut se satisfaire de la réalité, et c’est précisément dans la mesure où sa formation même contrecarre la réalité que sa satisfaction se heurte au réel. Il est aussi nécessaire de ne pas se priver de concevoir les différentes formes que le désir prend, et prendre la mesure de cette diversité. Ainsi, certaines choses procurent du plaisir mais portent préjudice (trop manger). Face à cette incapacité du désir à se conformer à la réalité, deux attitudes sont possibles : soit une reprise du désir par la raison ou la sagesse afin de l’assigner aux coordonnées du réel et de garantir une satisfaction qui n’implique ni souffrance ni frustration ; soit accepter pleinement la finitude de la condition de l’homme et par conséquent suspendre le désir car l’homme est parfait et plein jusqu’aux limites de sa condition. Concrètement et physiologiquement, faim et soif ne dépasse pas ce niveau de réalisation. Épicure invite à apprendre à distinguer les désirs naturels des désirs vains. Il semblerait même que la condition du désir d’une personne soit sa non satisfaction, car d’un point de vue éthique, un sujet ne peut désirer une personne comme il peut désirer un objet. Ainsi, savoir si le désir peut se satisfaire de la réalité implique de savoir dans quelle mesure le désir peut se satisfaire de la réalité. Ce caractère artificiel et superficiel que peut prendre le désir a d’ailleurs parfaitement été cerné par publicitaires et autres vendeurs en tout genre dans une société de consommation qui perd parfois le sens véritable du besoin. Interroger la capacité du désir à se borner à la réalité convoque à la fois de questionner la limitation de la satisfaction du désir aux coordonnées de la réalité, mais aussi la possibilité de satisfaire les privations en fonction de la seule réalité. C'est en agissant conformément à la vertu que l'homme réalise son essence, et trouve le bonheur. Livré à lui-même, ce désir ne peut conduire qu’a la frustration et au désordre, car motivé par une manque de nouveauté il se soustrait à tout axe précis de réalisation, et peut ainsi se trouver dans le piège de satisfaction superficielle. Il ne s’agit pas de s’accommoder de ce désir, ou de le ranger dans un coin. Est-ce qu’accepter la réalité, c’est renoncer au désir? Éviter la douleur, être libre, et heureux ce n’est rien d’autre qu’accepter que les choses ne soient pas autre choses que ce qu’elles sont, autrement dit, que la réalité est telle qu’elle est. Le génie n’a-t-il sa place que dans les arts. Abonnez-vous pour être averti des nouveaux articles publiés. Manuel, trad. Seuil, coll. Ne pas avoir ce que l’on désire est une mise à distance de la réalité de ce que l’on a déjà afin de conquérir ce que l’on n’a pas encore. Si la nourriture, l’argent, etc., sont réellement des causes de bonheur, ils ne peuvent jamais être cause de souffrance, mais nous savons bien grâce à … Le progrès technique facilite cela, nous met à labri du besoin et nous libère en quelque sorte des nécessités naturelles et du travail quelles exigent. Ils ne savent ni quelle est votre véritable bien, ni quel est votre véritable état […] » Pensées, B 430. La diversité des besoins est réduite à presque zéro tant que le besoin s’attache à des satisfactions génériques et nécessaires. On parle d'aponie pour caractériser la paix du corps. Nos conseillers pédagogiques sont là pour t'aider et répondre à tes questions par e-mail ou au téléphone, du lundi au vendredi de 9h à 18h30. Le besoin se satisfait tout à fait du réel, ses déterminations nécessaires et naturelles mettent fondamentalement en échec toute illusion, toute impossibilité. Le bonheur est en quelque sorte, ce qui met un point d'arrêt à la fuite en avant du désir. Dans une vision stoïcienne de la morale, le désir ne peut me rendre heureux, car il ne me permet pas d’accepter la réalité, et donc d’être libre. Alain, Définitions 25 Celui qui progresse ne blâme personne, ne loue personne, ne critique personne, n'incrimine personne. A première vue [opinion commune], le fait d’être heureux semble incompatible avec le fait d’être frustré et donc de désirer : lorsque je suis taraudé par un désir que je ne peux satisfaire, je ne me trouve pas dans cet état de plénitude que doit être le bonheur : il faudrait donc … Jacques Lamarche. Pour lui, il faut prendre conscience et surmonter une illusion fondamentale : penser que le « moi » est une réalité singulière (qui serait le centre de nos désirs).